Tatouage japonais : Kingyo
Le poisson rouge
Le nom scientifique pour ce poisson est Carassius auratus, même s’il est plus connu à travers le monde par son nom anglais. Cet animal, qui fait partie de la famille des carpes, peut être considéré comme un pauvre et moins respecté petit frère du symbole national japonais qui est la koi.
Son origine peut être retracée au Xème siècle en Chine, il est le résultat de plusieurs croisements de carpes d’élevage qui étaient élevées dans des petits étangs pour la consommation humaine. En 1502, ces espèces furent introduites au Japon, mais ce n’est pas avant les années 1820 que leur popularité grandit et que les gens commencèrent à les élever comme animaux «décoratifs» grâce à leurs élégantes combinaisons de couleurs.
Les anglophones et les Japonais disent que les personnes ayant une absence de réflexion ont «une mémoire de poisson rouge». Malgré cette sagesse populaire, l’expression ne colle en fait pas à la réalité, il a été prouvé que les kingyo peuvent conserver des souvenirs jusqu’à 5 mois, et ce n’est pas le seul fait surprenant à propos de ces petits animaux aquatiques.
Leurs yeux peuvent percevoir jusqu’à cent millions de couleurs, donc un spectre de couleurs largement plus vaste que celui de l’oeil humain, qui lui peut percevoir «seulement» un million de couleurs.
Ces yeux sont si délicats que les poissons tendent à avoir une inhibition de ces organes en souffrant de tumeurs, d’où la masse dans leurs yeux ou le genre de bulbe présent sur leur tête que l’on peut voir dans de nombreuses représentations de ces poissons dans des estampes, prints et tatouages.
Les éleveurs les plus expérimentés affirment que ces charmantes petites créatures peuvent reconnaître le visage de celui qui s’occupe d’eux, et n’acceptent que la nourriture que cette personne leur donne. Ce qui peut être important, étant donné que l’espérance de vie moyenne de ces poissons est de vingt ans, certains pouvant atteindre les quarante-cinq ans ! Le lien créé entre un poisson et la personne qui s’en occupe peut devenir très fort. Les éleveurs apprécient toutes les qualités de leurs poissons, qu’ils considèrent réellement comme leur trésor. Cependant les poissons qui ne correspondent pas aux standards esthétiques en termes de couleurs et de formes sont vendus pour un divertissement populaire appelé kingyo sukui, qui prend place lors de matsuri (de petits festivals ou foires). Ce jeu consiste à attraper le plus de poissons rouges possibles avec une petite raquette appelée un poi, qui contrairement à un filet, a une fine feuille de papier poreux qui s’abîmer et tombe doucement en lambeaux à chaque essai, ce qui veut dire qu’il faut être rapide et compétent. Les joueurs peuvent ramener chez eux les poissons qu’ils ont sortis hors de l’eau avant que les raquettes ne soient trop endommagées et les garder comme animaux. Même si cela semble être plus un passe-temps pour les enfants, il y a au Japon une fédération ainsi qu’un championnat national.
Comme symbole ou comme tatouage, les kingyo attirent l’abondance et le bonheur. À cause de sa place par rapport à la carpe, il a une connotation plus relative aux classes ouvrières. Durant l’explosion des estampes, Kuniyoshi a fait une série de neuf illustrations dans lesquelles ces poissons jouent un rôle et assurent des tâches humaines. L’artiste explique ceci, comme les personnes des classes ouvrières et moyennes ont ces poissons chez eux, ça n’est pas difficile pour eux de s’identifier à ces poissons, même si plus tard il réalisa le parallèle entre les personnes humbles et ces animaux. Les deux ont de belles et louables qualités, mais ne sont pas appréciées comme elles devraient l’être.